PAS D'AUTEURS, PAS DE LIVRES !
Après "Plume pas mon auteur!", voici "Auteurs en colère!" ^^
Les auteurs, particulièrement jeunesse (dont les illustrateurs, coucou c'est nous!) continuent à ruer dans les brancards pour rappeler une vérité d'une logique imparable : "sans auteurs, pas de livres!".
Comme personne n'y connait rien à la réalité et au statut des auteurs de tous poils, le dossier auteurs est glissé sous le tapis depuis des décennies, et depuis des décennies, la réalité des auteurs (dont les illustrateurs) est devenue : le précariat, tada!
Concevoir des livres et contenus c'est bien, mai si c'est pour y laisser des plumes, niveaux finances, moral et santé, ben bientôt il n'y aura plus d'auteurs, parce qu'ils seront tous mous et flagadas, là, tout là-bas au bout du rouleau. ^^
Un exemple : les auteurs pour adultes sont rémunérés 10 à 15% du prix de vente de leurs livres, souvent des romans à 10-15€, avec avance sur droits d'auteurs.
Les auteurs et illustrateurs jeunesse se contentent bien souvent de 3 à 6% du prix de vente de livres qui tourne en général autour de 6€. Nous touchons une avance sur droits d'environ 750€ bruts (dont on déduit des cotisations sociales et retraite) pour un livre de ce genre, souvent réalisé en 2 à 3 semaines (parce qu'il faut aller vite aussi).
Si on prend en compte le fait que les graphistes freelances en agence sont rémunérés en moyenne 400€ bruts la journée, on se rend facilement compte que l'avance sur droits des auteurs (et bien souvent aussi la rémunération au forfait de commandes d'illustrations hors édition) couvre la cession d'exploitation de notre travail, mais pas le temps de recherche ni le temps de réalisation de ce même travail. On est 9 fois sur 10 en dessous du taux horaire du smic, et on se fait allumer par nos banques qui ne rêvent que de notre départ, tout en ayant droit ni aux aides au logement, ni au chômage, ni aux congés payés, du fait qu'on travaille à notre compte (rappelons que la profession d'auteur n'existe pas en mode salarié, hahaha). Heureusement la prime d'activité permet de ne pas couler complètement, pour le moment du moins. Je vous passerai le chapitre sur les subtilités administratives épineuses (hausse de la csg, cotisations retraites, prélèvement de l'impôt à la source, etc) ; on en touche un mot sur les sites en liens de l'article.
Alors on est déchirés entre faire son travail à l'arrachée pour manger (pas très éthique quand on s'adresse à la jeunesse, donc quand on travaille pour l'avenir), ou soigner son travail et y aller de sa poche, tout en s'entendant suggérer qu'on n'a qu'à développer notre clientèle pour augmenter nos revenus (et pourquoi pas ne plus dormir et se marier avec le premier venu aussi pour diviser les frais par deux... ?!) ^^
Le plus souvent on choisit ces métiers par vocation voire par idéalisme. Un état de fait qui se sait, d'où beaucoup d'abus, et trop de concessions. Sur le long terme, rien n'est moins viable.
Si vous aimez les auteurs, si vous avez envie d'avoir des contenus de qualité, originaux, soignés, tout en permettant à ceux qui les engendrent de ne pas "bouffer la grenouille" ;
signez cette pétition, et faites suivre à un maximum de personnes!
La créativité a pris un sacré plomb dans l'aile en France ; on ose de moins en moins les sentiers non battus pour faire du chiffre, et pour faire du chiffre, on fait aussi des économies sur les fournisseurs : à savoir les auteurs et créateurs ; la boucle est bouclée. ^^
Si tout ça pouvait servir à comprendre que les pauvres, dont je fais partie depuis des années, ne sont ni des féniants, ni des débiles, ni des assistés, ce serait déjà un grand pas... Si tout le monde était rémunéré décemment pour son travail, il n'y aurait pas besoin d'aides financières distribuées par l'Etat, donc par le contribuable.
De plus, les pionniers du recyclage, de la récup' et de la "slowlife" (même si ce terme me hérisse les poils) sont bien les artistes pauvres (pléonasme ?), et pour cause, il ne faut pas l'oublier, nous ne sommes pas des boulets!
Merci à vous, merci pour nous :)