LES ATOUTS DU THARAUD
Un article "crise existentielle chronique" en ce dimanche;
(ça vous manquait 'chuis sûre ^^) avec un coup de coeur musical pour support de réflexion : suite à un showcase du pianiste Alexandre Tharaud à la fnac, à l'occasion de la sortie de sa sublime interprétation d'un florilège des sonates de Scarlatti. Beaucoup d'amateurs du genre; je me suis retrouvée assise par terre au fond de la salle; conditions idéales finalement, car moins conventionnelles et plus décontractées : parfait pour "s'imbiber" de la musique comme il se doit !
Une prestation qui a achevé de me réconcilier avec le piano ! Miracle... Je suis en effet une ex "traumatisée" par une professeur de piano qui avait réussi à me dégoûter de cet instrument en à peine un an d'apprentissage : la fameuse projection de certains enseignants qui, désireux de vous amener à passer des concours, en attente de je ne sais quelle gratification, arrivent à gommer totalement la notion de plaisir dans une pratique artistique... De quoi braquer l'inconscient d'une gamine de 7 ans... Résultat : rejet du piano pendant environ 25 ans, je ne sais plus lire la musique et ça me manque parfois je l'avoue... Message donc, aux enseignants artistiques de tous poils : le plaisir est aussi indispensable que le travail, sinon on étouffe dans l'oeuf vocation, motivation et épanouissement de l'enfant.
Figurez-vous que cette problématique me poursuit encore aujourd'hui : la notion de "s'autoriser pleinement le plaisir" dans la pratique artistique, quand cette dernière est "entachée" par l'étiquette "professionnel" ou "travail" (dont l'éthymologie, rappelons-le, n'est autre que "torture", à méditer...).
Réflexion alimentée de nouveau, chaque fois que je me frotte en direct live au monde de la musique; toujours cette sorte de "frustration" qui revient; l'art pictural est un art mineur face à la musique, qui est "LE" véritable langage universel n°1, celui qui arrive à toucher l'être dans toutes ses dimensions... Aussi bien l'être qui écoute que l'être qui joue ou chante, dans son âme, son coeur, son esprit et son corps... Diantre !
J'aime observer les musiciens : ils "vivent" leur musique. Humble petite ouvrière de l'illustration que je suis, j'aspirerais à vivre vraiment en conscience chaque geste, chaque élaboration de dessin... Souvent, les illus se font toutes seules, un peu façon "pilote automatique", on les découvre une fois terminées... ! Transe hypnotique quand tu nous tiens. Bien que n'étant pas musicienne, je me suis retrouvée dans beaucoup de propos d'Alexandre Tharaud; entre autre la notion de corps à apprivoiser; le corps qui réagit différemment les années passant; les illustrateurs ont souvent tendance à se tendre et à couper leur respiration du fait d'une concentration soutenue (sans parler des ondes électromagnétiques de l'ordinateur); est-ce aussi lié à l'éxigence personnelle qu'on s'impose au sujet de son propre travail ? (rassurée de constater qu'on est tous un peu névrosés dans la branche artistique; c'est pour cette raison que l'on créé d'ailleurs, il me semble du moins; pour transmuter nos névroses en productions qu'on espère utiles, lumineuses et nourrissantes pour la collectivité). Est-ce que d'accéder au plaisir complet, jusque dans dans sa diffusion dans le corps, toute en douceur, serait "LA" solution ? La quête finale de tout artiste ? La dissolution de l'égo et des prisons de l'esprit (pressions, peurs, attentes...) pour libérer son potentiel créatif, accéder à l'Inspiration qui vient directement de la Source de toutes choses, la panacée, l'expression même de l'Amour universel... ?! On est tous là pour ça en théorie, non ? Pour redonner sa part à l'Amour dans ce monde, "part-donner"; oui, ça demande du temps et de l'Amour, le temps et l'Amour d'une vie ?! De plusieurs vies sans doute.
J'envie ces Artistes qui "transpirent" leur Art avec naturel, simplicité et spontanéité, ceux qui vivent pleinement leur Art, en le savourant à chaque fraction de seconde... Et qui dit art vivant, dit échange actif d'énergie avec ceux qui assistent aux prestations... Notion totalement inexistante dans l'illustration; seule avec son énergie, face à la feuille blanche ou à l'écran, face à soi-même, à ses questionnements, à son envie de bien faire. Peut-être que la seule chose qui nous incombe finalement, c'est d'être et de faire, tout court, comme le pommier fait ses pommes (image qui n'est pas de moi mais que j'aime beaucoup). D'un autre côté, les illustrateurs évitent d'attirer à eux de gros égrégores collectifs; pour peu qu'on ait une sensibilité exacerbée, on les ressent; mieux vaut être relativement centré.
Ahlala, cette grande question de la quête des artistes; la difficulté aussi de vivre pleinement cette expérience, face aux projections de la société moderne, qu'on finit presque par prendre pour "la" vérité tellement on s'en imprègne malgré soi depuis son plus jeune âge : art=plaisir et quête spirituelle, plaisir et quête spirituelle=travail, donc art=travail, sans parler de la notion épineuse de rémunération qui en découle... Vivre de son art; par des commandes : l'idéal pour se sentir utile, mais support souvent limitant pour l'exploration approfondie de ses térritoires intérieurs; mais pourtant support indispensable pour un toît et une gamelle pleine ^^ Grand dilemme pour moi; le verrou intérieur de l'idée reçue "je me sens parfois limitée dans mon support d'expression", et pourtant, ce n'est pas le cas de tous; "quid" alors ? Simplifier me direz-vous; je vous l'accorde bien volontiers ^^ Couper la tête pour accéder au coeur, en conscience : le travail d'une vie.
J'ai le sentiment que la voie artistique, ou la Vie tout simplement, est un véritable pélérinage : partir en quête du meilleur de soi-même avec son bâton de pélerin (son support artistique) pour tout bagage. On y arrive sans doute, une fois dépouillé de tout ce qu'on pense être; on se fait parfois détrousser sur le chemin, on se casse la margoulette dans les trous et les cailloux, on doit gravir des montagnes, pas à pas, on essuie des orages, on goûte au découragement et aux doutes, pour finalement lâcher prise et repartir, découvrir de merveilleux paysages, voir se dessiner au loin des arcs-en-ciels, accéder à de profondes prises de conscience. On chemine avec d'autres pélerins rencontrés en route, on échange, on en croise d'autres, qui reviennent de leur pélérinage, réalisés, et qui nous éclairent de leur lumière, nous redonnent espoir, envie, vaillance... Se centrer, écouter, s'ouvrir à la richesse intérieure des autres, à sa propre richesse, choisir de transmuter son plomb en or, oser avec courage la quête du Bonheur : mourir à soi-même pour renaître en phase avec soi-même dans ce qu'on est, fait, dit, pense, choisit et offre au monde... Bon, je vais m'arrêter là, pour vous épargner une grosse migraine; si vous avez eu le courage de lire ma tartine rédactionnelle jusque là bien entendu; chapeau bas si c'est le cas ! ^^
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J'en reviens donc au héros du jour : le talentueux, sensible, humble et humain Alexandre Tharaud ! (je vous avais prévenus que c'était un coup de coeur) Découvrez la richesse de son interprétation d'un florilège des sonates de Scarlatti en cliquant sur l'image ci-dessous : nul besoin d'être un spécialiste du classique pour écouter; juste écouter avec le coeur et se laisser hypnotiser par la danse légère, étrange et gracieuse des mains sur le clavier; les mains, nos plus précieux outils, prolongation directe du coeur et, étrangement, parties les plus sensibles du corps, au niveau des paumes.
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et enlevez la partie adresse de mon site du lien,
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Je vous encourage aussi, si ce n'est déjà fait, à écouter l'émission "Passion classique" d'Olivier Bellamy, sur radio classique, de 18h00 à 19h30 en semaine : de nombreux Artistes comme Alexandre Tharaud, passent tous les jours pour partager avec les auditeurs : leurs coups de coeur musicaux ainsi que la richesse de leur âme et de leur esprit; de quoi se sentir "grandi" et parfois moins seul dans ses interrogations existentielles ;0) Un autre support radio qui va dans ce sens : icietmaintenant.com; à vous de faire votre tri et de garder ce qui vous parle !
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Bon dimanche ensoleillé à toutes et à tous : un temps à flâner à l'aventure dans les rues de la capitale, l'appareil photo à portée de main, hé hé !!!
PS : n'hésitez pas à partager votre approche du chemin artistique, mon blog reste un espace de partage, de détente !
PS2 : un souvenir gourmand de ma balade dominicale en cadeau bonus; après 4 heures de marche dans le froid, c'est salutaire !!! Et puis je suis extrêmement touchée que cet article ait parlé à plusieurs d'entre vous; beaucoup d'allègement à la clef visiblement, merci Alexandre Tharaud ^^